Jean Jaurès (1859-1914)


Né à Castres, cousin de l'amiral Jaurès, mais d'une famille modeste, il entra premier à l'École nationale supérieur en 1878, devint alors normalien, et passa l'agrégation de philosophie qu'il enseigna au lycée d'Albi, puis à l'université de Toulouse.
Il fut élu député du Tarn sur une liste républicaine de gauche (dite opportuniste en 1885).
Il obtint le titre de docteur ès lettres après avoir soutenu une thèse sur le thème : De la réalité du monde sensible. En 1892, il devint socialiste à la fois au contact de la réalité sociale, à l'occasion de la grève des mineurs de Carmaux, et par un cheminement idéologique. En 1893, il fut élu député socialiste (indépendant) de Carmaux. Il soutint les verriers de Carmaux qui constituaient une coopérative de production. Battu en 1898, il est réélu de 1902 à 1914.
Il participa aux congrès des organisations socialistes et fonde, en 1901, le Parti socialiste français.
Il défendit Dreyfus dès qu'il fut informé de la vérité sur " l'Affaire " dans les colonnes de la Petite République et de la Dépêche de Toulouse (pour la petite histoire, Jaurès et Dreyfus furent camarades de classe à l'École normale).
Favorable à la participation gouvernementale, contrairement aux partisans de Guesde, il s'inclina devant les décisions du congrès des organisations socialistes. Au congrès de la seconde Internationale tenu à Amsterdam, en 1904, il accepta l'idée de l'unité des socialistes et fonda, avec Jules Guesde, le Parti Socialiste Unifié (1906).

Élu vice-président de la Chambre des députés en 1903, il soutint le Bloc des Gauches, le gouvernement Combes et sa politique anticléricale.
En 1904, il fonda l'Humanité qu'il dirigea jusqu'à sa mort.
A partir de 1906, il rompit avec le Parti radical et combattit Clemenceau, puis Briand et leur politique de répression ouvrière.
Il combattit la politique coloniale française au Maroc tout en approuvant le traité franco-allemand de 1909. cIl prôna une politique de paix entre les états et les peuples d'Europe.



Jean Jaurès fut un orateur de grande classe et un animateur politique Héritier du " socialisme humaniste " du XIXe siècle, il rêve de concilier cette tradition avec le réalisme historique et économique de Marx et de Engels, ce qui le conduit à être plutôt un " réformiste " qu'un révolutionnaire : il pense en effet que l'idée de justice, incarné selon lui dans les progrès de la démocratie politique et sociale, est capable de fonder un humanisme universel et un idéal social commun à l'Humanité toute entière, au-delà des antagonismes de classes et de nations.
Il rejoint ainsi une pensée généreuse qui était déjà celle de Michelet, dont il rappelle la fougue et dont le rapproche une certaine parenté littéraire. Son éloquence lui assura une grande influence au Parlement et dans la nation.
Sa personnalité a profondément marqué le socialisme français, et le rayonnement de sa pensée n'a pas cessé de se manifester dans la vie politique de notre pays.
Pacifiste convaincu, Jaurès, dans les années qui précèdent la Grande Guerre, se consacre à la défense de la paix en travaillant à un rapprochement avec les socialistes allemands, mais il meurt assassiné au soir du 31 juillet 1914 par Raoul Villain. Le lendemain, 1er août, la Mobilisation Générale était proclamée...

En 1924, ses cendres sont transférées au Panthéon.